Le TDAH à l'âge adulte
Le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) est un trouble neurodéveloppemental qui persiste souvent à l’âge adulte, bien qu’il ait longtemps été considéré comme une problématique exclusivement pédiatrique.
Chez l’adulte, le TDAH peut se manifester différemment que chez l’enfant. Il s’exprime souvent de manière plus subtile, intérieure, ce qui contribue à sa sous-reconnaissance. Les personnes concernées décrivent fréquemment une impression de “fonctionner autrement”, un sentiment chronique de décalage, une surcharge mentale ou une grande variabilité dans leur capacité à se concentrer, s’organiser ou maintenir un niveau de motivation stable.
Symptômes les plus courants à l’âge adulte
Les signes du TDAH adulte peuvent varier d’une personne à l’autre, mais certains éléments reviennent fréquemment :
-
des difficultés d’attention soutenue, notamment sur les tâches peu stimulantes
-
une tendance à la procrastination ou à l’évitement, malgré une forte volonté de bien faire
-
des oublis, une désorganisation, une mauvaise gestion du temps
-
des fluctuations de l’énergie, parfois extrêmes (hyperactivité mentale suivie d’épuisement)
-
une impulsivité verbale ou comportementale, pouvant nuire aux relations interpersonnelles
-
une instabilité émotionnelle, avec des réactions parfois disproportionnées
-
une faible estime de soi, liée à un parcours marqué par l’échec, la comparaison ou l’incompréhension
Conséquences d’un TDAH non reconnu ou non traité
Sans diagnostic ni accompagnement adapté, les conséquences peuvent être lourdes :
-
accumulation d’échecs ou de projets inachevés
-
baisse de l’estime de soi, culpabilité chronique, sentiment d’illégitimité
-
épuisement mental et émotionnel dû à une hypercompensation constante
-
développement de troubles secondaires : anxiété, dépression, TCA, TOC, burn-out…
Ce qu’on interprète parfois comme un “manque de volonté” ou un “manque de rigueur” est en réalité un fonctionnement neurologique différent, qui nécessite d’autres outils.
Pourquoi les femmes sont-elles si souvent diagnostiquées tardivement ?
Le TDAH chez les femmes adultes est encore largement sous-diagnostiqué. Plusieurs facteurs l’expliquent :
-
Une expression clinique différente : chez les femmes, le trouble prend souvent une forme internalisée — anxiété, ruminations, fatigue chronique, troubles alimentaires — plutôt que l’hyperactivité classique observée chez les garçons.
-
Un haut niveau de compensation : les femmes développent souvent très tôt des stratégies d’adaptation perfectionnistes ou sur-contrôlantes, au prix d’une forte surcharge mentale.
-
Des biais de genre dans le diagnostic : les critères utilisés historiquement reposent en grande partie sur des études menées chez des garçons, ce qui rend l’identification plus difficile chez les profils féminins.
-
La coexistence avec d’autres problématiques : chez de nombreuses patientes, le TDAH est masqué par des diagnostics secondaires (dépression, trouble anxieux, trouble borderline, TCA) qui, s’ils ne sont pas interrogés en profondeur, retardent l’identification du trouble principal.
Ce n’est souvent qu’à l’âge adulte, voire après 30 ou 40 ans, à la faveur d’un burn-out, d’une reconversion ou d’un épuisement émotionnel, que certaines femmes posent enfin un mot sur leur vécu.
Le diagnostic, et après ?
Recevoir un diagnostic de TDAH à l’âge adulte n’est ni une fatalité ni une étiquette. C’est souvent un point de bascule, permettant de recontextualiser un parcours, de mieux comprendre ses réactions, ses difficultés, ses schémas récurrents.
C’est aussi la première étape vers une prise en charge adaptée (qu’elle soit médicamenteuse, thérapeutique et/ou psychoéducative) et vers la construction d’une vie plus respectueuse de son fonctionnement.